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The Whistle

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Les graviers cognent, le tronc des sapins défilent, la voiture grimpe, s’envole. J’accélère. La sirène se rapproche, il ne me reste plus beaucoup de temps. La nuit est en train de tomber, l’humidité s’évapore des collines. Je freine brusquement, claque ma portière…un vacarme assourdissant fait vibrer mon corps, la terre tremble ; un frisson parcourt ma chaire. Le grincement de ses roues en métal, hurlent; me perce les tympans. Je me casse le cou pour l’admirer.
Le calme revient peu à peu, seuls quelques grincements resonnent encore au loin. La rivière reprend son chuchotement interminable. Alors que le monde a disparu; je sens une présence derrière mes épaules. Je ne suis pas le seul spectateur. Je me retourne pour le saluer. Mains dans les poches, la tête levée et son sourire en disent long. Il n’est pas ici par hasard. Il revient enfin à lui et pose son regard sur moi. Sa main dure comme de la roche vient percuter mes phalanges.

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Alors que nous sommes sur un chemin forestier, j’ai tout de même la sensation d’être rentré par erreur chez un inconnu. Je me permets de lui poser quelques questions. Il m’apprend qu’il était vagabond durant les années 70. Un ami lui avait appris à monter dans les trains de marchandises. « c’était la belle époque » Aujourd’hui, la sécurité autour des chemins de fer s’est renforcée et il ne court plus assez vite.

C’est sans doute son retour de la guerre qui l’a poussé à suivre les chemins de fer. Le besoin de s’enfuir. Après avoir connu l’enfer, rien ne pouvait l’effrayer dorénavant. Ce lieu magique, ces vibrations, cette sirène doivent lui rappeler à quel point il est vivant.

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Il me fait signe de le suivre et m’emmène dans la forêt derrière son camion. Loin d’avoir peur je m’interroge sur ce qu’il cherche à me faire découvrir. Je marche sur ses pas ; un parfum de feu de camp s’engouffre dans mes narines. Il me montre plusieurs troncs de Séquoia et me dit que pour rien au monde il n’habiterait ailleurs. Il est tard, je reviendrai demain.

Je n’arrive plus à dormir. La nuit m’enivre de questions et remplit mon imagination. Il est 3 heures du matin, les sirènes résonnent encore. Les trains déchirent la nuit. Ils finissent par disparaître.

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Photographie et texte: Alfred Cromback