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Jerry

Il y a des rencontres rares et imprévus.

11 Septembre 2009 – 16h30

Je n’ai croisé personne depuis plusieurs heures. J’avance doucement car la lumière venant de l’ouest m’éblouit. Attiré par un paysage fantastique je m’arrête, un pick-up me prévient d’une présence humaine. Je sors mon matériel pour faire une image, le soleil se fraye un chemin entre les arbres immobiles.

jerry
Le clapotement rapide dans l’eau du ruisseau, m’annonce l’arrivé d’un animal. Un Border Collie apparait. Plus lentement des craquements de branches dans les bois se rapprochent de nous. Comme si nous avions eu rendez-vous à cet endroit précis, Jerry apparait. Naturellement, je me dirige vers lui pour me présenter.

Je lui propose tout de suite de faire son portrait. Il accepte mais je sens une certaine hâte dans sa gestuelle, il doit être attendu. Je réalise son portrait rapidement, prend ses coordonnées et le libère.

jerry10Jerry, Highway 1 North, Septembre 2009
Jerry4Ancienne école au bord du Pacifique – Septembre 2009
A mon retour en France, il me faut quelques mois pour me replonger dans les images de ce voyage. Lorsque le portrait de Jerry, vient finalement s’afficher à l’écran. Je prépare un tirage que j’enroule dans un colis pour lui envoyer. Trois longue années plus tard le colis est toujours sur mon bureau, lorsque je décide enfin de repartir. Le paquet finit par rentrer dans ma valise.

Je passe plus d’un mois sur les routes. De retour à San Francisco, il me reste 3 jours à tuer. Je decide alors de reprendre la route vers le Nord, pour apporter à Jerry son portrait en main propre. La route est sinueuse; soleil et brouillard se succèdent. Les premiers jours de printemps donnent un goût  particulier à ce voyage. Je remonte dans le temps. Je croise un couple et me plaît à imaginer Jerry à cet âge. De nombreuses personnes profitent de la plage.

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La nuit tombe rapidement. Je finis par trouver une petite auberge où l’on danse, on boit, on rit, où l’on m’improvise un repas chaud. Je repars en laissant la fête et les rires au loin. Je finis par m’installer en haut d’une falaise au nord de Bodega Bay. La lune qui éclaire le paysage m’empêche de dormir. Quelques phares de voitures viennent ponctuer la nuit.

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Le soleil réchauffe mon visage, de petites gouttes dorées coulent le long des fenêtres. L’océan frappe la falaise et me réveille. Le temps de discuter autour d’un café avec des locaux et me voilà repartis à la recherche de Jerry. M’arrêtant régulièrement pour demander mon chemin, une femme finit par me dire que Jerry habite un peu plus haut sur la route. Voici enfin son adresse. Des vaches traversent l’allée, au bout de laquelle des maisons blanches immuables font face à l’océan. Une silhouette sous un perron est en train de bricoler. Jerry! Il est trop loin pour m’entendre mais finit par remarquer mes gestes. Il me fait signe de venir. Je fais attention à bien refermer la clôture et me dirige vers lui.

jerry1Jerry at Home – May 2012

Comme si nous nous étions rencontrés la veille, il m’accueille avec un large sourire. Nous discutons longuement. J’apprends qu’il était Océanographe, qu’il vivait en Oregon pour ses recherches, que la propriété sur laquelle nous sommes, étaient l’école des ses parents, que chacune de ses filles possède une maison dans la ferme, qu’il organise des « work-days », où chacun vient donner du temps au jardin en échange d’un bon repas. Il n’en fallait pas plus pour éveiller mon imaginaire. Il m’apprend aussi qu’il vient tout juste de devenir grand-père pour la seconde fois et que sa fille arrive de San Francisco pour faire les présentations. Nous passons quelques heures ensemble à discuter. Il me montre ses moutons et comment Sheep, son chien, les guide. Un spectacle fantastique face à l’océan.

Il est l’heure de reprendre la route, un avion m’attend. Le soleil m’accompagne, j’en profite pour me baigner et admirer la côte. Le temps a pris une nouvelle dimension.

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